UNE MARIANNE EXEMPLAIRE
UNE MARIANNE EXEMPLAIRE
Par Elena Tchoudinova.
Je ne comprends pas l’indignation de mes amis. Dimanche, François Hollande a gratifié ses compatriotes d’une Marianne au nouveau visage pour lequel – selon la déclaration des artistes – on a pris pour modèle Inna Chevtchenko, la fondatrice des Femens. Mais oui, celle-là même qui, en secouant ses tétins dénudés – mais en prenant garde de dissimuler ses yeux derrière des lunettes noires – avait scié à la tronçonneuse une croix érigée à la mémoire des victimes des répressions de la Tchéka. Suite à quoi, cette valeureuse championne des valeureuses « Pussy » avait obtenu l’asile « politique » en France. Nous aurons d’ailleurs à nous interroger sur la pertinence de ce terme.
En France, les Femens ont accompli leur dernier exploit tout récemment. Rappelons pour mémoire que l’une de ces militantes a exhibé ses glandes mammaires recouvertes d’inscriptions licencieuses sur les lieux mêmes de la fin tragique de Dominique Venner. Elle a caracolé, tortillé du popotin, mimé le suicide à l’aide d’un joujou en forme de révolver, bref, fait étalage de tout le répertoire dont est capable une roulure de la pire espèce.
Comment pareille chose est-elle possible s’indignent les braves gens ? Nonobstant la croix commémorative, nonobstant la danse simiesque sur la dépouille d’un être humain, comment a-t-on pu choisir une Femen pour devenir le symbole de la France ? Symbole pour lequel ont prêté leur visage Brigitte Bardot, Catherine Deneuve et même Mireille Mathieu dont l’apport à la culture française est universellement reconnu ? Pourquoi, après de tels emblèmes nous imposer celui-là, dépoitraillé, l’ordure à la bouche et, à la main, une tronçonneuse ?
Mes chers amis, c’est que Marianne n’est pas le symbole de la France. Marianne est le symbole de la République française.
Rappelons que Marianne est « l’effigie d’une femme armée d’une lance (une tronçonneuse fait ici l’affaire, E. Tch.) coiffée du bonnet phrygien et qu’elle incarne la Liberté, l’Egalité, la Fraternité », autrement dit, les slogans de la révolution française.
A vrai dire, l’idée de coiffer des filles de peu d’un bonnet phrygien ne peut être considérée comme une invention de Hollande et compagnie. Pour la prise de la Bastille, il y en avait à gogo (passez-moi l’expression) et de tout poil : jambes nues, épaules nues, poitrine nue, fesses à l’air et, cela va sans dire, ivres comme des bourriques. C’était leur façon à elles de soutenir leurs mâles.
Non, cette Marianne ne me désole pas. Ce qui m’attriste, c’est qu’une fille à la voix d’argent, issue de la nombreuse famille d’un honnête tailleur de pierre et qui fit ses débuts dans la chorale de son église, que cette fille, après avoir séduit le monde entier par les charmes de la France éternellement jeune, se soit abaissée au point de consentir à figurer Marianne. Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ? Voilà en effet une bonne question pour laquelle, hélas, existe une réponse.
« En ce temps-là, le lion était repu, bien que féroce de nature »1. La phtisie connaît des périodes de rémission. Le malade ne présente plus de symptômes. Il est apte au travail, énergique, plein d’initiatives et de projets. Mais il suffit d’un léger courant d’air, d’une contrariété, d’un déménagement, on le voit fondre comme la cire d’un cierge et commencer à cracher ce qui lui reste de poumons.
Ainsi en va-t-il des régimes issus de révolutions semblables à la française ou à la russe. A certains moments, ils semblent viables, on a l’impression même que l’on peut s’y adapter. Que l’on peut, pourquoi pas, vivre comme tout le monde, dignement, et cela pendant de longues périodes, des décennies entières. Mais le propre des révolutions, c’est de connaître des aggravations.
Il ne faut pas considérer ces rechutes comme des surprises. Eh oui, une impudique, eh oui, une dépravée. Eh oui, une blasphématrice. Voilà bien de quoi s’étonner ! Les symptômes de la rechute sont justement là.
A proprement parler, l’asile offert à Inna Chevtchenko, n’est pas politique mais athée. Ce qui est on ne peut plus logique depuis que, en un tournemain, Hollande ait, de facto, mis hors la loi la composante catholique de la population française. Un catholique, en effet, n’a pas le droit de définir la sodomie comme une « variante de la norme », il est tenu d’appeler péché ce qui est un péché. Deux maires français ont déjà été mis en examen pour avoir refusé d’enregistrer des mariages homosexuels. Et ce n’est qu’un début.
Un million de catholiques sont sortis dans la rue pour protester contre la destruction de la famille en tant qu’institution. (Remarquons, par parenthèse, que pas un mahométan traditionaliste intégriste n’a suivi leur exemple, mais c’est un autre débat, il est vrai). Un écrivain s’est donné la mort au pied d’un autel, en signe de protestation. Mais à qui convenait-il-il de rendre les honneurs sinon à une gigolette qui à tourné sa mort en dérision ? Que ce soit Chevtchenko ou une autre, peu importe.
La nouvelle Marianne, c’est indubitablement la réponse de Hollande à Dominique Venner.
Et notons au passage que l’un des créateurs du nouvel emblème est un militant actif « pour les droits », inutile de préciser les droits de qui.
La révolution, camarades, est toujours en marche.
Vous n’êtes pas encore convaincus ? Pourquoi Marianne n’est-elle pas une Française ? Mais qui a bien pu vous raconter, mes chers amis, que la République française était faite pour les Français ? Parce que l’on vous a autorisés à mourir pour elle, à la glorifier par vos exploits ? Parce que l’on vous a autorisés à convoler et à baptiser vos enfants dans des sanctuaires qui, de toute façon, appartiennent à l’Etat ? Et dans lesquels, au mépris de vos sentiments, on peut se permettre d’organiser une exposition des « œuvres » du premier schizophrène venu, pourvu qu’il soit à la mode ?
La France n’appartient pas aux catholiques, mais les Français laïques sont bien naïfs de l’imaginer comme leur bien. La France, en règle générale, n’est pas pour les Français. La prochaine Marianne sera une Africaine. Pour le moment, on se contente d’une Ukrainienne. En attendant, bien sûr.
Marianne a été conçue pour éclipser l’authentique visage féminin de la France, celui de Jeanne la Pucelle. Selon le même principe, on a imposé aux Russes de fêter le Nouvel an à la place de Noël et aux enfants de notre pays de porter une étoile à l’effigie bouclée du petit Volodia Oulianov (Lénine) au lieu de celle de l’Enfant Jésus. Décennies après décennies ces ersatz de fête, ces symboles contrefaits entrent dans les mœurs. Et l’on finit par regretter de s’en séparer.
Et voici que les yeux aujourd’hui se dessillent. Les Mariannes respectables et civilisées reculent de dégoût, leur temps est révolu. Hollande avance, tenant par le bras la Marianne originelle dans toute sa beauté sui generis. C’est le prototype, dont les copies postérieures tentaient de ressembler à des femmes comme il faut.
Pour l’instant, elle ne figure que sur les timbres-poste. Il faut parier qu’on la coulera aussi dans le bronze. Et pourquoi pas avec une tronçonneuse au lieu d’une lance. Hollande joue franc-jeu.
Les patriotes laïques ouvriront-ils les yeux ? Ou continueront-ils à considérer, même après que l’on ait pratiquement rejeté aux marges de la légalité leurs compatriotes catholiques, que l’expansion ethno-religieuse a surgi du néant ? Peut-être verront-ils le lien entre la dissolution des mœurs et le dépérissement de la France, comme l’avait vu Dominique Venner ?
L’avenir nous le dira. Une chose est claire dès maintenant : depuis que l’on fait des portraits de Marianne, aucun n’est plus exemplaire que celui que reçoivent aujourd’hui les Français.
Article publié en Russie le 19 juillet 2013.
1 En exergue du chapitre XI de « La fille du capitaine » d’A. Pouchkine.
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