Professeur Aldeeb, comme palestinien d’origine chrétienne vous connaissez bien le monde musulman et comme docteur en droit vous enseignez l’islam et le droit musulman depuis plus de 30 ans en Suisse, en France et en Italie. Récemment vous avez écrit un article choc dans lequel vous dites que l’Occident est au bord de la guerre civile à cause du djihad islamique. Pouvez-vous expliquer pourquoi à nos lecteurs ?
Sami Aldeeb : Comme vous le dites, j’enseigne le droit musulman, et j’ai écrit un gros ouvrage d’introduction au droit musulman en français, en anglais et en italien. J’y présente la branche du droit musulman qui représente les « Fondements du droit musulman » et qui permet de comprendre la logique de ce système juridique. Une fois que vous avez appris cette logique, vous pouvez tirer des conclusions pratiquement infaillibles sur l’évolution de la société musulmane et des rapports entre les communautés musulmanes et les autres dans les sociétés non musulmanes, en partant d’une ligne directrice qui date du VIIe siècle. On sait ainsi que les normes du droit musulman peuvent hiberner, comme les tortues de terre, mais elles ne meurent jamais. Et l’unique manière d’empêcher une tortue de se réveiller est de lui couper la tête. Or cela ne s’est jamais fait à travers l’histoire.
Aujourd’hui on s’étonne du comportement des djihadistes en Syrie et en Irak, mais on oublie que ce comportement est en tout point conforme aux normes musulmanes classiques inspirées du Coran et de la tradition de Mahomet. On trouve d’ailleurs ces mêmes normes dans les écrits juridiques d’une figure importante comme Averroès, qu’on cite volontiers en Occident comme un philosophe éclairé, en oubliant que ce grand homme ne s’est nullement écarté du droit musulman découlant du Coran et de la Sunna.
Si vous voulez connaître les rapports entre les communautés musulmanes et non musulmanes, il vous suffit d’observer les normes islamiques classiques. Celles-ci établissent un faisceau de tensions continuelles visant à réaliser le projet islamique, à savoir la domination sur l’ensemble des régions du monde, la soumission des non-musulmans au pouvoir de l’islam, et l’imposition de ses normes, aussi cruelles soient-elles, à la société. Les musulmans peuvent tempérer leurs revendications tant qu’ils sont en état de faiblesse, mais ils ne renonceront jamais à ces revendications qui constituent la composante principale de leur foi.
On l’a vu en Irak. Les chrétiens et les yazidites ont été persécutés par leurs propres voisins musulmans, leurs compagnons d’études musulmans et leurs collègues de travail musulmans. Il a suffi que la situation tourne en faveur des djihadistes pour que ces musulmans apparemment pacifiques deviennent des tortionnaires et des bourreaux. Ils ont laissé tomber le masque et ont montré leur vrai visage.
Des musulmans vivant en Occident, peut-être vos voisins, vos collègues de travail ou d’études, sont partis en Syrie et en Irak pour « vivre leur vrai islam », un islam cruel, inhumain et sanguinaire. Certains ont déclaré ouvertement qu’ils ne se sont jamais sentis aussi bien, « en accord avec leur foi », que depuis qu’ils vivent en Irak et en Syrie. Certains se préparent à revenir dans les pays occidentaux dont ils proviennent. D’autres djihadistes s’infiltrent avec les immigrés musulmans qui débarquent en Sicile. Ces djihadistes ne vont pas se convertir en moines et en ermites. Ils attendent le jour où ils pourront à nouveau « vivre leur vrai islam », « en accord avec leur foi », en égorgeant les non-musulmans, en leur imposant le tribut des vaincus (la djizya), en ravissant leurs femmes et en les vendant au marché des esclaves, suivant en cela leur modèle suprême, Mahomet, et l’enseignement de l’Islam contenu dans le Coran.
L’islam pacifique, tolérant, charitable, comme le décrivent les propagandistes musulmans et les idiots utiles occidentaux, se muera ainsi en un islam criminel, destructeur, violeur, et esclavagiste. Mais c’est toujours le même islam: le premier est l’islam en état d’hibernation, et l’autre est l’islam en éveil. Et tant qu’on ne coupera pas la tête de l’islam, en déracinant le Coran et la Sunna par un processus de désacralisation radicale et sans merci, ceux qui se font des illusions sur l’islam apprendront à leurs risques et péril qu’ils ont vendu leur âme au diable.
Certains commentateurs qui ont lu votre article ont dit que vous exagériez et que ce n’est pas 1500 ou 2000 djihadistes qui pourraient mettre l’occident à feu et à sang. Que leur répondez-vous?
Sami Aldeeb : Certes on peut considérer que les 1500 ou 2000 djihadistes qui retourneront en Occident ne suffiraient pas à mettre l’Occident à feu et à sang. Mais il faut ajouter à ce nombre ceux qui avaient l’intention de se rendre en Irak et en Syrie « pour vivre leur foi » et qui n’ont pas pu le faire pour une raison ou une autre. Il faut aussi y ajouter les djihadistes infiltrés parmi les immigrants provenant de ces régions qui affluent par milliers jour après jour sur les côtes italiennes. Il faut aussi y ajouter les cellules dormantes qui vont brusquement se réveiller. Et soudain, comme c’est arrivé en Irak, vos voisins, vos collègues de travail et vos collègues d’études se feront un plaisir de se mettre au service de ces djihadistes, afin de réaliser le rêve islamique de domination des mécréants, en les égorgeant, etc. Et vous le savez, il suffit d’un seul berger malveillant pour conduire un million de moutons pacifiques à la boucherie. Il suffit d’un seul djihadiste pour transformer un quartier en apparence pacifique en un quartier de tortionnaires et de bourreaux.
Est-ce que la situation menace de se répandre aussi en Amérique ou encore chez nous au Québec comme au Canada?
Sami Aldeeb : Partout où se trouvent des communautés musulmanes, le même danger guette les sociétés occidentales dans lesquelles elles vivent… tant que vous n’avez pas coupé la tête de la tortue, elle attend simplement de se réveiller. Tout est question de temps. Et comme on dit, l’occasion fait le larron. Ces communautés attendent le moment propice pour enlever le masque et révéler leur vrai visage.
Vous ne semblez pas croire à une solution militaire ou policière, mais d’abord et avant tout à une solution intellectuelle, qui consisterait à « désacraliser » le Coran, plus particulièrement la partie médinoise du livre sacré des Musulmans, ce qui permettrait de désamorcer cette bombe à retardement? Pouvez-vous expliquer cela à nos lecteurs? Et est-ce possible avec les fanatiques?
Sami Aldeeb : On ne naît pas fanatique, on le devient « grâce » à la formation qu’on reçoit dans la famille, à l’école et dans la mosquée. Je ne nie pas l’importance de l’action militaire contre les djihadistes en Syrie et en Irak. Mais même si vous massacrez tous les djihadistes, vous ne pourrez pas empêcher la naissance d’autres djihadistes prônant la même idéologie. Il faut donc traiter le mal à la racine. Et vous ne pouvez pas bombarder des quartiers des villes canadiennes simplement parce que des djihadistes y vivent. Et si vous le faites tout de même, vous avez vraiment une guerre civile sur les bras. Vous ne pouvez pas non plus jeter tous les djihadistes en prison ad vitam eternam. Cela coûterait trop cher à la société, et ce serait contre-productif parce qu’ils vont faire des émules parmi leurs codétenus. Et si l’on compare l’idéologie islamique au virus Ébola ou au virus de la grippe aviaire (et elle est nettement plus dangereuse que ces deux virus réunis), vous ne pouvez pas envoyer l’armée pour combattre ce problème en massacrant ceux qui en sont atteints. Vous auriez l’air ridicule. Vous devez diagnostiquer la maladie, identifier le virus, trouver un vaccin approprié et prendre des mesures pour empêcher sa propagation. Il en va de même avec l’idéologie qui a donné naissance aux djihadistes. Rappelez-vous du préambule de l’acte constitutif de l’UNESCO:
Les gouvernements des États parties à la présente Convention, au nom de leurs peuples, déclarent : Que, les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix…
Chez nous, au Québec, on n’avait jamais entendu parler de l’islam et très peu de gens connaissait le monde musulman jusqu’à très récemment, quand le gouvernement du Québec, du Parti Québécois, a voulu faire adopter, sans succès, une charte de la laïcité, après que le débat eut dérapé concernant l’interdiction des signes religieux ostentatoires dans l’espace civique ou gouvernemental, particulièrement à cause du voile islamique. Les Québécois ont-ils fait une erreur?
Sami Aldeeb : Le Québec, la France, l’Allemagne, l’Angleterre et autres pays occidentaux ont tous commis la même erreur: celle d’avoir pris un cancer pour un simple mal de tête qu’on peut soigner avec une aspirine. Et tout à coup, ils s’étonnent que le cancer s’étende à l’ensemble de la société. Si vous vous trompez en diagnostiquant une maladie , vous risquez fort d’aggraver la situation et de mourir sous l’effet du médicament inapproprié. Appelez Ébola une simple grippe intestinale, et vous verrez les conséquences catastrophiques d’un tel diagnostic.
Le voile islamique porté par les femmes n’est-il pas une arme utilisée habilement par les islamistes pour faire avancer la cause de la charia (la loi d’Allah) ?
Sami Aldeeb : On trouve le voile dans la Bible, porté par les prostituées pour éviter d’être identifiées. Nombre de prostituées en Égypte portent le voile intégral pour écarter les soupçons des voisins. Et aujourd’hui, le voile sert de camouflage à des terroristes, des braqueurs et autres malfaiteurs. Dans les pays occidentaux, le voile est aussi un cheval de Troie, pour détruire la société occidentale. On a eu tort de le traiter comme un simple chiffon. De nouveau, un mauvais diagnostic entraîne des conséquences catastrophiques. Mais pour combattre le voile, il ne suffit pas de faire payer des amendes à celles qui le portent, il faut désacraliser les normes qui lui servent de support.
Lorsqu’il a pris le pouvoir en 1976, le Parti Québécois a décider d’ouvrir plus largement les portes du territoire québécois à l’immigration francophone et a fait entrer un fort contingent de gens provenant du Maghreb, sans évidemment tenir compte du facteur religieux. Est-ce une erreur et, si oui, comment la rectifier? Un engagement solennel et conditionnel à se soumettre à la règle de la laïcité est-elle une voie souhaitable?
Sami Aldeeb : De nouveau, le Québec, comme les autres pays occidentaux, a mal diagnostiqué le problème. Amener des immigrants porteurs d’un virus quelconque ne devrait être permis que si l’on identifie le virus en question et si l’on dispose d’un vaccin approprié. Sans cela, vous courez à votre propre perte. Or, malheureusement aucun diagnostic n’a été posé, et aucun vaccin n’a été trouvé. Et maintenant, on paie le prix de cette imprudence. Pire, personne n’ose demander un tel diagnostic et proposer un vaccin. Vous seriez taxé d’islamophobie et trainé devant les tribunaux, pour être condamné par des juges ignorants qui n’ont reçu aucune formation en virologie. Y a-t-il une possibilité de remédier à cette situation? La réponse est simple: si vous avez des couilles, vous pouvez y remédier. Si vous n’avez pas de couilles, vous succomberez, à cause de votre couardise et votre ignorance. Un extrait du Dictionnaire philosophique de Voltaire résume bien la situation actuelle:
Boldmind – Vous êtes tranquilles, mais vous n’êtes pas heureux; c’est la tranquillité des galériens qui rament en cadence et en silence. Médroso – Vous croyez donc que mon âme est aux galères? Boldmind – Oui, et je voudrais la délivrer. Médroso – Mais si je me trouve bien aux galères? Boldmind – En ce cas vous méritez d’y être.
Ce sont généralement les universités qui doivent former les virologues afin de combattre les épidémies. Or, je constate que les professeurs des universités d’Occident sont des gens sans couilles. J’ai donc des raisons de craindre le pire pour l’Occident.
Q – Certains affirment haut et fort que tous les musulmans ne sont pas tous des terroristes et que nous devons faire une distinction très claire entre l’islam et l’islamisme. Que pensez-vous de cela?
Sami Aldeeb : Toute personne saine peut devenir malade si elle est exposée à un virus, et elle peut en mourir sans un vaccin et des mesures préventives. Tout musulman, comme tout être humain, peut passer d’un état à l’autre. L’art de la survie consiste à éviter ce passage. L’Islam des débuts, lorsqu’il ne disposait pas de forces suffisantes pour s’imposer, donnait aussi l’impression d’être pacifique. Mais il a suffi que Mahomet « émigre » de La Mecque à Médine et ait accès à des armes pour qu’il se transforme en un chef de bandits cruel et sanguinaire. L’Islam porte en lui les germes de son évolution, il change selon les circonstances et les conditions. Il faut savoir comment dompter l’animal féroce qui dort en lui, en lui coupant la tête grâce à une désacralisation du Coran et de la Sunna. Et j’insiste: si vous ne voulez pas qu’un arbre repousse sans cesse, il faut le déraciner.
Récemment à Montréal, comme en Europe, beaucoup de Québécois sont descendus dans la rue pour appuyer les Palestiniens de Gaza dans la lutte qui les oppose à Israël. Pourtant, quand on lit la Charte du Hamas, rien ne nous laisse croire que l’accord de paix récemment intervenu va empêcher le Hamas de poursuivre son objectif qui est de faire de la Palestine, y compris Israël, une terre d’Islam. Sans défendre nécessairement les excès de Tsahal (l’armée d’Israël), si vous étiez juif et viviez en Israël, que feriez-vous? Est-il possible que deux États souverains, la Palestine et Israël, puissent vivre en paix dans la région, sans une réforme du Coran?
Sami Aldeeb : Le conflit du Proche-Orient est un conflit idéologique, des deux côtés: côté juif et côté musulman. Un cheikh égyptien a
dit haut et fort que le conflit entre musulmans et juifs ne porte pas sur le territoire de la Palestine. Même si les juifs quittaient la Palestine, ce conflit se poursuivrait jusqu’au jour dernier. Les armes ne peuvent rien contre une idéologie: elles ne peuvent rien contre le virus Ébola. Tant que vous n’avez pas déraciné l’idéologie musulmane et l’idéologie juive, tout espoir de paix est vain.
Serait-il possible pour vous, actuellement, et comme chrétien, de retourner vivre en Palestine et de dénoncer l’islam comme vous le faites? Est-ce que vous vous sentez parfaitement en sécurité en Suisse, malgré vos prises de position?
Sami Aldeeb : Aujourd’hui, comme par le passé, personne ne peut critiquer l’islam ou le Coran. Si par exemple un professeur disait qu’il n’existe ne serait-ce qu’une seule erreur linguistique dans le Coran, on lui trancherait la tête — or je prépare actuellement une édition arabe du coran annotée dans laquelle je relève pas moins de 2000 erreurs linguistiques et stylistiques. C’est ma manière de désacraliser le Coran. Sans critique, aucune société ne peut évoluer. Vous ne pouvez même pas développer une simple bicyclette si vous n’avez pas le droit de la critiquer. Des mouvements islamistes, soutenus par les tribunaux occidentaux, tentent d’empêcher toute critique de l’islam. Il faut savoir résister à ce vent d’inquisition dans l’intérêt même de l’humanité. Les juges occidentaux qui soutiennent cette inquisition sont de véritables idiots utiles qui exposent leurs propres pays aux pires dangers.
Professeur Aldeeb, vous avez été le premier à écrire une version du Coran (en français, en anglais, en italien et bientôt en arabe) qui tient compte de l’ordre chronologique des (présumées) révélations faites à Mahomet qui se sont échelonnées sur 23 ans (610-632), Cet ouvrage permet de bien saisir la différence entre les versets pacifiques de la Mecque, où Mahomet était un simple prophète et ceux de Médine (violents et inacceptables) où il était devenu chef d’État et chef de guerre. Comment cet ouvrage a-t-il été reçu en général, et dans le monde musulman en particulier?
Sami Aldeeb : Étrangement, ma traduction française n’a suscité aucune opposition significative. Et pour cause. J’ai mis le Coran dans l’ordre chronologique en suivant strictement les indications données dans l’édition arabe du Coran établie par l’Azhar. Mais il faut aussi dire qu’aucun pays arabe ou musulman ne permettrait une telle édition ou sa vente sur son territoire, parce qu’elle met en question l’intouchabilité du Coran. Or sans une distinction nette entre le Coran mecquois et le Coran médinois, on ne voit pas bien comment le Coran s’est transformé au cours des années, passant d’un livre pacifique à un instrument de conflit autorisant l’occupation des territoires, l’imposition de normes vexatoires et discriminatoires à l’égard des gens du livre, l’égorgement des polythéistes, le rapt des femmes et l’esclavage. Mon édition arabe du Coran, que j’espère terminer prochainement, sera mise à disposition gratuitement sur internet, parce qu’il est impossible de la distribuer dans les pays arabes et musulmans en version imprimée, et je souhaite qu’elle soit accessible à tous. Le jour où cette édition sera enseignée dans les universités occidentales, et par la suite dans les universités arabes et musulmanes, ce jour-là marquera le début de la libération de l’humanité du joug de l’islam. Cette édition pourrait fort bien avoir plus d’importance que la révolution française ou toute autre révolution, parce qu’elle permettra de remettre en marche le cerveau humain, qui est actuellement dans un état comateux en ce qui concerne l’islam.
Êtes-vous optimiste ou pessimiste pour l’avenir et pourquoi?
Sami Aldeeb : L’issue de toute guerre dépend des moyens mis à disposition pour l’emporter. Actuellement, ces moyens sont très réduits parce que les universitaires n’ont pas assez de couilles pour sonner l’alarme, et nos politiciens n’ont ni le courage ni l’intelligence nécessaires pour comprendre les risques que leurs pays courent face au virus de l’islam. J’ai donc toutes les raisons d’être pessimiste. Dire le contraire serait téméraire et prétentieux, et ne ferait qu’endormir les gens. Il est temps de sonner l’alarme, et très fort, afin d’éviter le tocsin annonçant la déchéance de l’humanité.
Propos recueillis par Pierre Cloutier
médiateur et arbitre en relations du travail
Dr Sami Aldeeb Directeur du Centre de droit arabe et musulman