Le 3 décembre, Bertrand Tavernier sera jugé pour des propos pour le moins imprudents sur le juge Fabrice Burgaud, qui a eu la très lourde charge du procès d'Outreau et a TENTE DE PROTEGER LES ENFANTS.
C'est l'occasion de manifester notre soutien à ce juge, victime lui aussi de la meute médiatique et de ceux que l'on nomme pédophiles et qu'il vaudrait mieux appeler tortionnaires d'enfants, une clique pédophile qui n'hésite jamais à massacrer les défenseurs des enfants, avec la même cruauté, le même acharnement, et le total cynisme qu'ils montrent envers les enfants. Quant aux opportunistes politiques, il vaut mieux pour eux que les archives de la chaine parlementaires est fait disparaitre les archives de la commission parlementaires où on les voit s'adresser avec arrogance et incompétence à ce jeune juge courageux.
VOIR ICI L'AVIS DU PR RASSAT :
http://elisseievna.blogspot.fr/2010/03/fabrice-burgaud-lhonneur-dun-juge.html
Ce mois même, LA HONTE DU PRIX RENAUDOT ATTRIBUE A MATZNEFF : personne ne demande que l'on interdise à Matzneff de publier bien évidemment, mais lui attribuer ce prix alors qu'il n'a en rien renié son livre "les moins de seize ans" et les interviews données à son sujet est une honte.
Maztneff a le culot se proclamer chrétien ... ses propos disent les tentatives de corrompre et pervertir le plus innocent et le plus sacré, d'accuser et d'humilier les mères les plus protectrices .
Et l'on veut nous faire croire que priver délibérement un enfant d'un de ses parents ou dispenser les parents de l'effort de vivre ensemble et de prendre soin l'un de l'autre tout en s'aidant pour élever leurs enfants, serait un bien ???
Et l'on veut nous faire croire que parler de respect de la dignité de l'autre dans les relations sexuelles, demander non pas l'interdit, mais la plus grande la prudence dans ce domaine, serait une exigence abusive et irréaliste, contraire au droit de faire "ce que je veux" et de s'amuser ...
La perversion est partout, dit "le diable", tu ne peux y échapper. La pédérastie est partout dit le professeur pédéraste, la prostitution est partout dans le mariage, disent la call-girl comme le client, la promotion canapé est partout, tu serais idiote de ne pas t'en servir, et de croire trouver un emploi en t'en dispensant, dit le harceleur.
Le mal c'est de vouloir autre chose que le mal, dit "le diable" : le mal c'est les familles "castratrices" qui protègent les enfants, dit le pédophile, le mal c'est les "ligues de vertu" qui "haissent la sexualité masculine" disent les prostitueurs ..
"
Une mère qui, veuve ou divorcée, élève seule son fils est moins hostile qu’une mère en puissance d’époux à une amitié entre le jeune garçon et un aîné. Dans la mesure du possible, je choisis mes petits amis dans les familles désunies, chaotiques, et je m’en trouve toujours bien. "
Gabriel Matzneff, Les moins de seize ans, Paris, Julliard (Collection Idée fixe), 1974, p. 108
Le gosse, ce lingot d’or
qu’on enferme dans un coffre-fort. La famille, ce bunker merdique.
Gabriel Matzneff, Les moins de seize ans,
Paris, Julliard (Collection Idée fixe), 1974, p.
108
Ce qui me captive, c’est
moins un sexe déterminé que l’extrême jeunesse, celle qui s’étend de la dixième
à la seizième année et qui me semble être — bien plus que ce qu’on entend
d’ordinaire par cette formule — le véritable troisième
sexe.
Beaucoup de pédagogues
(instits, moniteurs, chefs scouts) sont des pédérastes, — parfois actifs, le
plus souvent refoulés. C’est un prof qui l’avoue : « Tout désir
d’éduquer est désir pédérastique perverti » (1). Cependant, motus et
bouche cousue, ce ne sont pas des trucs qui se disent dans une société, la
nôtre, dont l’une des colonnes d’Hercule est l’illusion que les chères têtes
blondes (et brunes) ne peuvent être ni tentantes ni tentées.
(1) René Schérer, Émile
perverti, Paris, 1974.
J’ai horreur de Socrate, de
Platon, de toute la mélasse sublime dont ils enrobent le désir et le plaisir,
j’ai horreur de la pédérastie à prétentions pédagogiques. On peut caresser un
jeune garçon sans se croire obligé de lui donner une leçon de maths ou
d’histoire-géo dans la demi-heure qui suit. Et qu’on ne nous casse pas les
pieds avec l’amour des âmes. L’âme, ça n’existe pas, et si ça existe, ça
n’existe qu’incarné, chair dorée, duveteuse.
Je sais que j’ai la
meilleure part, et qu’elle ne me sera point enlevée.
Ce qui m’impressionne chez
les très jeunes, c’est au contraire leur capacité de don total de soi, leur
abandon sans réserve à l’être aimé. Un adolescent amoureux ne compose pas avec l’amour,
il a foi en l’absolu de la passion, il s’y livre entièrement. Cela est si vrai
que le seul argument sérieux contre l’amour des moins de seize ans
me paraît être que lorsque nous allumons un feu dans le cœur de l’un d’eux,
nous ne savons pas si, passée la frénésie sensuelle des premiers jours ou des
premières semaines, nous aurons encore envie d’alimenter ce feu, nous ne savons
pas davantage si nous serons alors capables de l’éteindre. Détacher un/une
gosse de soi est parfois plus difficile que de se l’attacher. Une femme, à la
rigueur, on la prend, puis on la jette ; mais c’est un jeu qu’à moins
d’être un salaud on doit s’interdire avec les très jeunes. Quinze ans est l’âge
où l’on se tue par désespoir d’amour, ne l’oublions pas.
1.4 Les moins de seize ans,
Les passions schismatiques, Scheer, 2005
Gabriel Matzneff : Les moins de 16 ans par FrenchCarcan
A Lire :
De l’amour et du crime, du
sexe et des enfants
Marion Sigaut à propos du décès de Patrice Chéreau par ERTV
OUTREAU et l'acharnement contre un juge Burgaud protecteur des enfants :
Retour à Outreau 5/16 - Le juge burgaud - J... par pedopolis
Le juge Burgaud poursuit Bertrand Tavernier :
Audience à 13H30 le 3 décembre prochain à la 2e chambre du tribunal de grande instance de Paris.
Le 10 avril dernier, sur le plateau de l’émission « C à vous » sur France 5, le réalisateur Bertrand Tavernier évoquant le film « Présumé coupable » avait notamment déclaré, faisant allusion à Fabrice Burgaud : « C’est quelqu’un que vous avez envie d’exécuter, le juge d’Outreau. »
NON Bertrand Tavernier ! Quand on a vu la commission parlementaire auditionner le juge Burgaud, et la façon convaincante dont il a répondu, et la morgue des parlementaires, c'est pour le parlement que l'on a honte !
A lire aussi sur Outreau :
http://www.letemps.ch/Facet/print/Uuid/c5c4486a-5e4f-11e1-9d26-32e99746e1f6/Deux_acquitt%C3%A9s_dOutreau_condamn%C3%A9s_pour_violences
FRANCE Jeudi 23 février 2012
Franck et Sandrine Lavier, des «acquittés d’Outreau ». Les yeux étaient donc braqués sur le tribunal de Boulgne-sur-Mer, qui a rendu, jeudi, un verdict clément: il a retenu les « violences habituelles » mais pas la « corruption de mineurs » contre le couple dont les deux cadets -10 et 11 ans-avaient fui les mauvais traitements en se réfugiant chez une ex-famille d’accueil.
Lors d’une perquisition, la police avait alors découvert des vidéos « festives » où les Lavier et des amis mimaient des actes sexuels devant leurs enfants. Ce comportement est moralement répréhensible, ont considéré les juges. Mais la volonté de corrompre les mineurs n’est pas prouvée. Les époux Lavier écopent d’une peine de dix et huit mois avec sursis et leurs amis des vidéos sont relaxés.
A l’issue du procès, en janvier, Me Emmanuelle Dehée, avocate des enfants, espérait que les adultes mis en cause seraient au moins reconnus coupables d’exhibitionnisme: «Mimer des partouzes en famille, c’était une habitude. Il n’y a chez ces personnes aucun respect de l’intimité des enfants.» Malgré tout, l’avocate se félicitait de voir cette affaire traitée « dans des conditions sereines ».
Les coups et les mauvais traitements subis par la fillette et le garçon Lavier sont, quant à eux, reconnus par leurs parents eux-mêmes. Les photos produites au procès montrent les blessures causées par des heures passées à genoux sur un balais en guise de punition. Des chambres aux lits défoncés et aux matelas trempés d’urine, sans poignée du côté intérieur mais munies de caméras de surveillance. Des clichés pour l’exemple, où l’on voit la petite fille avec une culotte sur la tête, souillée d’excréments.
OUTREAU LA
VERITE ABUSEE
-
Marie-Christine Gryson-Dejehansart -
L'affaire
d'Outreau
et ses
durs
enseignements
Site du professeur Jean-Yves Hayez
Pédopsychiatre, docteur en psychologie, professeur émérite à l'Université catholique de Louvain ( Belgique)
En 2004, avec Alain
Lazartigues, j'ai publié Les
durs enseignements d'Outreau, Le carnet psy, 2004, 22, 34-37. L'article a
aussi paru dans la revue : Enfances § Adolescences, 2005/1, 66-72.
Vous en trouverez l'essentiel ci-dessous ... ce sont nos impressions de
cliniciens, qui ont été associés de loin aux événements, sans implication
directe. En 2009, nous ne les renions pas.
En 2009 cependant, vient de sortir un livre que je considère comme un
événement. Il s'appelle Outreau,
la vérité abusée, et a été écrit par Marie-Christine Gryson-Dejehansart,
une des expertes principales de l'affaire, très injustement contestée par la
suite. A mon sens, ce livre remet les pendules à l'heure et je
vous en conseille vivement la lecture.
J.-Y. HAYEZ.
La
lutte contre l'erreur judiciaire est, pour nous, un seul et même combat. Que la
victime de cette erreur soit un innocent injustement condamné, ou qu'elle soit
un enfant abusé auquel la justice refuse la reconnaissance de son traumatisme.
Il serait à la fois absurde et illégitime d'opposer ces deux revendications
d'une vraie justice.
La tempête qui s’est déchaînée la semaine du
17 mai 2004 depuis le Tribunal de Saint-Omer, à propos de l’affaire dite
d’Outreau, nous rappelle sinistrement les moments de misère de notre condition
humaine commune.
La tempête qui s'est déchaînée la semaine du 17 mai 2004 depuis le tribunal de
première Instance de Saint-Omer, à propos de l'affaire dite d'Outreau, nous
rappelle sinistrement les moments de misère de notre condition humaine commune.
Elle n'en arrête pas de souffler. Un autre moment très fort a été
l'acquittement général des adultes qui restaient incriminés, ce 01/12/05, par
la cour d'appel de Paris, avec les excuses publiques du plus haut magistrat de
France : du jamais vu, de mémoire d'homme ! . Et ce n'est pas fini : une
commission parlementaire d'enquête vient de se mettre en place, début 2006.
Plus qu'une tempête, un tsunami d'indignation ! L'émotion générale est très
forte, et l'on peut redouter que ne s'installe, pour apaiser celle-ci, l'une ou
l'autre chasse aux sorcières : l'expert Viaux pourrait bien en faire les frais,
surtout pour quelques mots malheureux qu'il a prononcés, alors que c'est une
personnalité de réputation internationale ... Oui, des adultes sont
capables de mentir ou de fabuler (1) , pas nécessairement
par haine de ceux qu'ils enfoncent ni même par profit matériel : c'est au
moins aussi souvent la peur, le besoin de se mettre en évidence, la lâcheté et
la recherche de la moindre punition ou encore la honte et l'effroi à l'idée de
se rétracter, qui les entraînent à dire faux, et parfois obstinément. Dans le
secret de son âme, lequel de nous oserait-il prétendre qu'il n'a jamais cédé à
cette tentation ?
Oui, les enfants et les adolescents sont porteurs de cette même capacité ;
encore plus que les adultes, ils sont à risque de se laisser suggestionner par
autrui ; surtout lorsque « autrui », c'est un personnage important de leur vie,
par exemple un parent qu'ils redoutent ou dont les émotions les bouleversent,
quelqu'un dont ils ne veulent pas perdre l'amour ou même qu'ils croient pouvoir
aider et sauver par leurs affirmations. On les voit alors vouloir faire passer
pour vrai du complètement fallacieux ou, au moins aussi souvent, on les voit
s'embrouiller, en remettre, présenter des mélanges confus où s'entremêlent
inextricablement lambeaux d'objectivité et fabulations ... alors, si, en plus,
on les croit tout de suite à 100%, sans les aider à autocritiquer leurs dires,
ils se sentent prisonniers de leur propre parole, condamnés à s'obstiner pour
ne pas connaître le désaveu, la honte et la punition.
Oui des magistrats ou des experts sont faillibles, comme n'importe quel
professionnel, comme n'importe quel être humain sont faillibles ; ils peuvent
se tromper de bonne foi ou se laisser emporter par la fausse générosité des
idéologies ou par l'orgueil et le refus de principe de faire jamais marche
arrière. Les conséquences de ces erreurs et de ces manquements humains peuvent
être tragiques, jusqu'à faire exécuter des innocents ou briser des vies ... ou
jusqu'à rejeter en bloc tout ce que disent et diront à l'avenir ceux qui se
sont égarés une fois et les rejeter plutôt que les aider. Il est donc de notre
devoir de réfléchir aux valeurs, attitudes et moyens qui réduisent le plus ces
risques.
Une constatation de terrain.
Néanmoins et préalablement, en nous refusant de faire chorus avec le
déchaînement des émotions collectives, il nous faut réaffirmer une constatation
que notre expérience de terrain nous a toujours confirmée : l'enfant qui
prend l'initiative de révéler un abus sexuel qu'il a subi dit souvent vrai, au
moins pour l'essentiel de ce qu'il relate ; les fois où il ment, fabule
totalement ou en en rajoutant, délire ou se trompe de bonne foi sont rares.
Nous nous référons ici à l'enfant qui, en dehors de toute pression d'un tiers
porteur d'emprise sur lui, va trouver une personne qui a sa confiance, souvent
longtemps après que les faits aient eu lieu ou aient commencé
- Dame ! Il a besoin de bien du courage pour hasarder sa
démarche -. Il prend alors la très lourde responsabilité de mettre en
cause un abuseur souvent plus puissant que lui, parfois même un parent ...
et il s'avère capable de raconter avec des détails concrets plausibles et avec
émotion le malheur qui lui est tombé dessus : dans un tel contexte et dans
la majorité des cas, ce qu'il raconte est vraiment arrivé pour l'essentiel et
il ne commet pas d'erreur sur la personne qu'il met en cause ... par la suite,
plus on met de temps à le protéger efficacement et plus on multiplie les
interrogatoires de cet enfant, plus sa mémoire s'effrite et se trompe sur des
détails, plus il commence à avoir peur de ce qu'il a dit, et plus il est
contaminé par l'inévitable dimension suggestive de certaines questions :
alors oui, il peut se rétracter à tort ou s'embrouiller plus considérablement,
d'autant qu'il est plus jeune.
Il existe bien sûr des exceptions à cette constatation statistique, et nous ne
proclamerons donc pas que, même dans ce contexte, tout enfant dit toujours
toute la vérité : même en dehors de pressions faites par autrui, on a vu,
surtout autour de l'adolescence débutante, des jeunes accusateurs secrètement
haineux en quête de vengeance, d'autres qui voulaient se rendre intéressants à
n'importe quel prix, et d'autres encore qui justement en voulaient intensément
à tel adulte de les avoir éconduits, au point de lui attribuer à lui les
passions et désirs sexuels qu' eux, les jeunes, vivaient. On a vu aussi des
tous petits se tromper spontanément de bonne foi et donner une connotation
sexuelle à un geste de nursing ou de tendresse innocent. Mais l'arbre ne doit
pas cacher la forêt : ce ne sont là que des situations minoritaires.
C'est lorsque des pressions existent autour de l'enfant qu'il faut encore se
montrer plus prudent, sans nécessairement enterrer ipso facto ce qu'il dit : au
contraire, l'investigation doit être menée avec plus de délicatesse, de
compétence et de minutie que jamais ! Nous pensons par exemple aux séparations
parentales difficiles et aux tous petits qui sont questionnés de façon
soupçonneuse, voire inspectés corporellement lors des retours de séjour chez
l'autre parent. Mais nous pensons aussi aux accusations collectives, entre
autres en milieu scolaire, où une pression, même involontaire, peut émaner du
regard des pairs, face auxquels on peut difficilement revenir en
arrière ... Oui, dans de telles circonstances, le risque augmente :
en mentant sciemment ou en fabulant, l'enfant ici concerné peut complètement
« inventer » une histoire d'abus ou il peut amplifier la gravité de
ce qui est arrivé et le nombre de personnes impliquées ... néanmoins, l'inverse
existe aussi, et probablement bien plus fréquemment : on connaît des responsables
de collectivité qui s'en prennent, des années durant, aux plus fragiles des
gosses sous leur tutelle, avec la tyrannie d'une dure loi du silence qui pèse
sur tous. Ces vécus de l'enfant ayant été rappelés, il nous faut évoquer les
risques puis les enseignements que l'affaire d'Outreau pourrait entraîner.
Les risques, pour commencer.
Il y a d'abord celui du débordement de l'indignation collective, toute
compréhensible que celle-ci soit en la circonstance. Si elle s'emporte, on
pourrait bien amplifier une chasse aux sorcières sournoisement démarrée il y a
quelques années : on pourrait vouloir abattre ceux qui, de bonne foi, essaient
de protéger les enfants qui se plaignent à eux. Ce Mac carthysme à l'envers
n'est pas une vue de l'esprit : ainsi en France, jusque récemment, différents
sièges de l'Ordre des médecins s'en sont-ils trop souvent pris à des
praticiens, même chevronnés, ( C. Bonnet ; C. Spitz ; P.
Sabourin, etc. ) alarmés par la détresse de leurs petits patients et
simples auteurs de signalement. Ca a été inacceptable à un tel point que
Jean-Miguel Petit, commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme,
chargé d'examiner la situation globale de la maltraitance en France, s'en est
ému dans son rapport de synthèse de 2002 ( Cfr « A la Commission des
droits de l'Homme de l'ONU, inquiétude sur le face-à-face des enfants victimes
et de la Justice française »)
En Belgique, certains se sont déjà ingéniés à faire un amalgame entre la
situation d'Outreau et les « affaires » du collège Saint-Pierre et de la crèche
Clovis : or, dans ces deux derniers cas, si la vérité judiciaire a été celle
d'un non-lieu - ce qu'il s'agit de respecter dans un esprit d'apaisement
et d'humilité citoyenne -, les investigations ont été correctement menées,
les procédures bien respectées et surtout, aucun suspect de l'époque n'avait
été indûment privé de sa liberté.
Dans le même ordre d'idées, on risque d'encore exagérer l'ampleur du problème
des fausses allégations d'abus sexuel dans le contexte de la séparation
parentale. Or, les études bien documentées montrent que de telles suspicions
d'abus ne sont invoquées que dans 5 à 6 % des situations de séparation ...
Certes, c'est déjà beaucoup, mais de nombreuses études montrent également que
ces accusations sont fondées environ une fois sur deux ... non pas que
tous les ex-conjoints se transforment soudain en pédophiles invétérés ...
mais entre cet extrême rare et celui du dérapage occasionnel d'un adulte en
manque, ou la surgescence du besoin de « salir » l'enfant tant chéri par le parent
gardien ... il y a place pour quelques variantes.
Mais surtout et plus radicalement, l'affaire d'Outreau va être une très
mauvaise chose pour la cause des enfants en difficulté. Comme vient de le dire
un des avocats de la défense, elle risque bien de nous ramener vingt ans en
arrière.
Il a souvent existé dans l'Histoire des mouvements de balancier entre la place
positive qu'on reconnaît aux enfants et le crédit qu'on leur accorde, d'une
part, et l'ignorance de leurs besoins et souffrances de l'autre (2) Jusque vers 1995, on a
eu tendance à prendre très largement en considération les accusations de
maltraitance qu'ils dirigeaient vers les adultes ... mais voilà, avec tous
leurs cris, ils ont commencé à l'encombrer et à le déstabiliser, l'ordre adulte ...
alors aujourd'hui, on enregistre toujours leurs plaintes, certes, on prétend
même avoir amélioré les techniques de leur audition ... mais ensuite, que
se passe-t-il vraiment sur le terrain de l'aide et de la protection (3) ? Quelques têtes
d'adultes que l'on continue à faire tomber spectaculairement ne
dissimulent-elles pas beaucoup d'inertie et d'agacement pour une majorité plus
significative des cas ? La bureaucratie et la recherche d'homéostasie de
la société des adultes ne sont-elles pas occupées à reprendre le dessus ?
Et le plus haut magistrat de France, de Belgique ou d 'ailleurs viendra-t-il un
jour présenter ses excuses pour ces milliers de petites victimes éconduites, et
souvent renvoyées auprès de leur abuseur triomphant d'impunité ?
Alors, Outreau, bonjour les dégâts ! Nous pensons au risque d'une
non-écoute radicale, soi-disant parce qu'on aurait trop « sacralisé »
la parole des enfants ces derniers temps. Mais nous pensons surtout à ces
enfants dont le discours comporte un mélange très enchevêtré de vrai et
d'exagérations : eux entre autres, sont à risque de faire les frais de la
maxime « On jette le bébé avec l'eau du bain » : ils ont
indisposé ; c'est compliqué de démêler l'écheveau de leurs dires et ils
pourraient bien être rejetés en bloc à l'avenir ... La Belgique, elle a
déjà opté pour la simplification radicale : dans le cas bien connu de
Régina Louf, où se mélangent probablement lourds éléments de réalité et faux
souvenirs ( false memories ), malgré que des faits graves aient été
bel et bien reconnus et que les rapports psychiatriques soient très nuancés, on
a fait courir la rumeur qu'elle était complètement folle et qu'il fallait en
finir avec elle ... et on n'investigue plus rien.
Enfin, il nous reste à tous de sérieux efforts à faire pour nous discipliner
face à la tentation du voyeurisme indécent. Dans l'affaire d'Outreau comme dans
d'autres, des huis-clos n'ont pas été prononcés là où ils auraient dû l'être,
du moins en première instance, et une certaine presse a jeté en pâture à ses
lecteurs de larges extraits précis de l'audition des enfants. C'est proprement
scandaleux.
Et les leçons à tirer ?
En exergue, je voudrais citer Monsieur le Conseiller à la Cour d'appel de
Bruxelles Patrick Mandoux, qui nous invite à la sagesse et à garder la tête
froide : « Oui, ces paroles (d'enfants) ont la même valeur ( que
les paroles d'adultes ) Encore faut-il pouvoir comprendre la parole des
enfants. Là, il faut voir l'apport de toutes les sciences qui nous aident à
décoder les paroles des enfants. Mais cela s'applique aussi aux adultes. Il
faut également pouvoir décoder pour comprendre ce qu'ils ont voulu dire. La
vigilance du juge doit être constante. Il ne faut surtout pas se laisser
persuader par des évidences » (4)
Comment alors se mettre dans les meilleures conditions pour donner toute leur
valeur à ces paroles, d'interprétation parfois si difficile ?
Se pose d'abord et avant tout ici, une fois de plus, la question de la
compétence des personnes chargées de recueillir ces témoignages verbaux, et
au-delà, d'investiguer les autres éventuels éléments de preuve chargés de les
pondérer positivement et négativement. Nous y reviendrons dans le dernier
paragraphe en parlant explicitement des experts. La compétence s'appuie aussi,
faut-il le rappeler, sur l'expérience acquise, les premiers pas étant
rigoureusement supervisés par des « seniors » bienveillants et riches de leurs
connaissances et de leur expérience de terrain. Elle gagne encore en qualité
lorsque elle procède d'une réflexion pluridisciplinaire ; une réflexion qui
soit une véritable mise en commun, chacun y amenant les richesses de ses
méthodes propres et de la lecture de l'humain que fait sa discipline, et en
assumant les manques ... Certes, en fin de compte quelqu'un, personne
physique ou morale, doit décider ... Mais quel appauvrissement quand celui
qui décide, c'est un petit tyran qui s'est contenté de lire les rapports écrits
des autres et de n'en prendre que ce qui lui convenait ...
A supposer que l'on dispose de cette équipe pluridisciplinaire potentiellement
compétente, il faut alors mettre dans de bonnes conditions l'enfant et l'adulte
qui doivent parler, pour qu'ils aient envie d'aller au plus profond
d'eux-mêmes.
Limitons-nous à rappeler quelques éléments essentiels de l'ambiance et de
l'organisation du travail :
a) On a déjà dit et redit, à ce propos, combien il est important que les
entretiens d'audition ne soient pas répétées. Donc, mieux vaut vidéo filmer le
premier d'entre eux, mené avec un bon interviewer et dans des conditions
fiables. Oui, certes, mais à condition que les avocats de l'abuseur suspecté ne
fassent pas un usage pervers de cet enregistrement : qu'ils ne trouvent
pas dans ses quelques inévitables failles l'occasion de mettre l'interviewer et
l'enfant KO d'un seul effet de manche à l'audience, en arguant sur le côté
imparfait des discours : précisément, cet enregistrement n'a pas pour
intention de constituer une preuve objective, mais un élément d'appréciation,
inévitablement imparfait, comme toute oeuvre humaine (5)
b) On ne dit pas assez combien il est impératif et urgent de mettre en place
des procédures d'écoute très rapides pour les tous petits : comment
peut-on imaginer qu'un discours d'enfant de moins de six, sept ans soit encore
décodable après trois mois passés et cinq interviewers différents ?
c) Faut-il ajouter à cet arsenal de méthodes une confrontation directe entre
l'enfant et la personne qu'il accuse ? A Outreau, on s'est plaint que le
magistrat ne l'avait pas mise en place. Nous sommes cependant des plus
sceptiques sur la contribution que la confrontation peut apporter à une
meilleure connaissance de la vérité : pour beaucoup d'enfants « normaux »,
c'est d'abord et avant tout une expérience de très grande angoisse, qui les
pousse à se rétracter. Quant aux plus fabulateurs, enfermés qu'ils sont dans
leur volonté de convaincre, rien ne prouve qu'ils vont s'y laisser
démonter ! La confrontation indirecte, par vidéo interposée, est peut-être
un peu moins anxiogène, mais les enjeux y sont identiques.
Pour terminer, et même si cela semble un lourd pavé dans une mare plutôt
bouillante, nous nous permettrons d'exprimer notre perplexité face à la forte
pression contemporaine qui voudrait que tous les cas suspects d'abus sexuel
soient signalés et traités judiciairement. Les arguments avancés pour y
procéder sont qu'il s'agit bel et bien de délits - mais la grande majorité
des délits d'une société restent pourtant « ignorés » des tribunaux,
même quand des tiers en sont témoins ! - ; on invoque aussi une
hypothétique meilleure efficacité dans le « traitement » des cas, et la
nécessité que, dans une société démocratique, ce soit l'institution judiciaire
qui « dise » toujours la Loi.
Il nous semble cependant que l'on peut raisonner autrement sans pour autant
être pervers. Pour des raisons pragmatiques d'abord : dans beaucoup de
pays, les tribunaux sont saturés par des suspicions d'affaires de mœurs et ne
peuvent plus les suivre à un rythme efficace. Pour des raisons plus profondes
ensuite : il existera toujours un hiatus entre le raisonnement judiciaire,
prudent, pesant le pour et le contre, naviguant entre le principe de respecter
la présomption d'innocence et celui de sanctionner les délits avérés et de
rendre justice aux victimes ... Dans cet inévitable état d'esprit,
beaucoup de « vérités judiciaires » aboutiront encore à des non-lieu, tout
au plus au bénéfice du doute ...
Alors ? Alors, sans prôner cette attitude d'extrême droite que serait la
vengeance directe, ne peut-on pas vraiment apprendre aux enfants à mieux se
protéger directement ? Ne peut-on pas encourager le tissu familial et social de
première ligne à mieux les protéger sur place, sans faire tout de suite appel
aux institutions les plus spécialisées ? Ne peut-on pas réserver
l'intervention de celles-ci aux cas les plus odieux, les plus rebelles, les
plus violents ?
Considérations particulières
sur l’expertise psychologique dans le contexte pénal de l’abus sexuel.
I. Les connaissances requises.
Procéder à l'expertise psychologique d'un enfant présumé victime d'abus sexuel
( et de son environnement ) demande un supplément de connaissances
spécifiques. Un psy « généraliste », même chevronné, risque de passer
à côté d'indicateurs préoccupants, d'interpréter erronément des signes banaux
si pas des symboles généraux, de ne pas poser les questions précises nécessaires
ni d'encourager l'enfant à aborder certains thèmes ( par exemple angoisses
à propos de l'altération du corps ) Celles et ceux qui acceptent d'être
experts devraient donc d'abord avoir suivi des suppléments de formation
spécialisée : ainsi, ils connaîtront mieux la psychologie et les
comportements de l'enfant abusé et la dynamique des relations entre lui, sa
famille et les adultes. Ils sauront aussi comment son comportement évolue au
fil du temps et, entre autres, comment il évolue en référence aux interventions
professionnelles qui se succèdent : il est rare qu'elles soient vécues
d'une manière globalement positive et qu'elles n'entraînent pas une
traumatisation secondaire qui a elle-même des effets de rétroaction sur le
discours de l'enfant ( et de sa famille !)
Mais il y a plus : l'expert crédible doit utiliser comme référence
principale des instruments d'observation et d'analyse qui font un large
consensus dans le monde scientifique. Instruments qui devraient d'ailleurs être
connus, d'une manière plus théorique et générale, par les partenaires
professionnels de l'expert, notamment les policiers et les magistrats et
constituer ainsi une référence commune. Or, il n'existe à notre connaissance
que l'un ou l'autre de ces instruments, qui font un large consensus
international ; ils se copient largement et le plus paradigmatique, en ce
qui concerne la dynamique de la relation enfant-expert, c'est l'entretien
non-directif par étapes successives de Yuille. En ce qui concerne l'analyse du
discours et du comportement de l'enfant et l'analyse du contexte, c'est la
grille SVA (« Statement validation analysis » ou Analyse de la
validité des déclarations ) Elle a été créée par le même Yuille et
légèrement transformée par la suite. Celles et ceux qui rejettent ce type
d'instrument et n'invoquent que leur large et réputée expérience clinique et
leur formation générale ne devraient pas être choisis comme experts dans le
champ qui nous occupe ici.
II. Qu’attendre de
l’expert ?
A. Qu'il s'engage personnellement, en référence à l'intime conviction qui émane
de ses connaissances et de son observation spécialisée. L'intime conviction,
c'est parfois de douter, parfois d'être raisonnablement convaincu que non, et
parfois que oui. Il doit pouvoir le dire, en son nom personnel, sans se prendre
pour Dieu qui peut tout affirmer, mais sans non plus laisser le magistrat face
à un fatras d'éléments techniques dont il aurait à faire lui-même la
synthèse : l'expert n'est pas un enquêteur, et sa mission n'est pas de
trouver des preuves mais elle n'est pas non plus d'avoir la langue de bois. Si,
en référence à un travail sérieux et à une analyse via instruments valables, il
a l'intime conviction que tel enfant a été abusé de telle manière, et que ça ne
peut être que par son père, comme l'enfant l'affirme, qu'il le dise comme une
conviction personnelle, ni plus ni moins. Si, au terme de son travail, il a des
raisons de douter, qu'il expose en détails le pour et le contre, mais, en tout
état de cause, qu'il rende compte clairement du résultat de son cheminement
intérieur : ceci constituera pour le Tribunal un élément de réflexion
parmi d'autres et une aide utile pour le jugement qu'il doit prononcer !
B. Par ailleurs, l'expert doit garder sa liberté et ne pas accepter n'importe
quelle mission ! Il sait à l'avance que certaines sont susceptibles
d'apporter du fruit et que d'autres seront probablement stériles, voire
traumatisantes pour l'enfant (et sa famille) : pensons par exemple aux
expertises demandées tardivement dans le processus d'instruction judiciaire, ou
à celles qui constituent une nième épreuve identique. Face à ce type de
problèmes, mieux que de réagir au cas par cas, l'expert - ou mieux encore,
la communauté des experts - pourrait s'engager politiquement - au
sens large du terme ! - et dialoguer avec l'institution judiciaire
pour que la fonction d'expertise soit positionnée et organisée le mieux
possible dans le processus d'instruction. Certains progrès ont déjà été
réalisés comme, par exemple, l'audition filmée de l'enfant par un policier
censé être expérimenté, processus bénéficiant de l'accompagnement par un
psychologue du Parquet qui analyse ensuite le document filmé. Pour chaque cas
instruit, ceci ne pourrait-il pas constituer le centre de la fonction
d'expertise ?
Si des devoirs d'expertise supplémentaires sont demandés ultérieurement, que ce
soit à la demande d'un juge ou d'un avocat, on pourrait procéder comme
suit : le nouvel expert désigné analyse d'abord le document filmé et le
premier travail réalisé par l'expert du Parquet. Ensuite, il décide si, oui ou
non, il est opportun qu'il rencontre l'enfant et/ou tel ou tel membre de sa
famille. Le premier effet de cette latitude de choix pourrait être de protéger
l'enfant de répétitions qui le traumatisent quasi-inévitablement, lorsque
celles-ci sont évaluées comme inutiles. Mieux encore, s'abstenir de procéder à
la énième évaluation permettra souvent à l'enfant de conserver plus clairement
et plus sereinement ses idées personnelles puisque, cette fois, les adultes ont
l'air de croire ce qu'il a déjà dit ( ... et redit )
-
Notes -
(1) Fabuler, c'est se raconter une fable à
soi-même, en s'autosuggestionnant ; croire plus qu'à moitié qu'elle est
largement ou totalement « objective », sans accepter que se déploie
quelque sens de l'autocritique, ici mis en veilleuse ; c'est se laisser emporter
par son imagination, et s'y accrocher ... jusqu'à un certain point. Le fou
qui délire, lui, est totalement persuadé de l'authenticité objective de son
délire et incapable d'autocritique.
(2) C. Bonnet, L'enfant cassé, Albin Michel, 1999.
(3) Pour plus de détails, se référer à mon livre « La sexualité des
enfants », paru aux éditions Odile Jacob (2004), pages 179 et suivantes.
(4) Patrick Mandoux, « Il faut se méfier des évidences », Le Soir, 22
et 23/05/04, page 7.
(5) Il est normal qu'un enfant fiable fasse quelques petites erreurs de
détail ; il est normal qu'un interviewer, qui reste un être humain, ne
soit pas parfait dans sa manière de poser les questions.