Critique du catéchisme sur l’homosexualité

Critique du catéchisme sur l’homosexualité





Le catéchisme confond deux choses : homosexualité et vie des homosexuel-les.

Je crois que cette confusion est due à une vision « hypersexualisée » de la condition humaine, c’est-à-dire au fait de croire que « la sexualité est en tout ».

Il faudrait peut-être en finir avec cette vision tordue, qui n’est faite que pour semer la confusion et pour occulter les agressions sexuelles en les noyant dans d’autres actions ( éducatives, affectives) alors qu’elle sont, elles, effectivement sexuelles.  Cette vision est tout aussi pourrie, perverse et destructive que la vision qui dit que le mariage est aussi une prostitution quand une femme profite des revenus supérieurs de son mari.

Non la sexualité n’est pas en tout, elle est dans le sexuel et point.

Le catéchisme passe de la définition de l’homosexualité à celle des homosexuels, et … confond quasiment les deux en réalité, tant il réduit la vie des homosexuel-les à cette dimension de leur personnalité et de leur activité, tant il répand la dimension sexuelle sur tous les autres aspects de leur vie.

Les homos sont des « Hommes et femmes ayant des tendances homosexuelles foncières », ayant une « propension » à l’homosexualité.
Or « l’homosexualité désigne les relations entre des hommes et des femmes qui éprouvent une attirance sexuelle, exclusive ou prédominante, envers des personnes du même sexe. »
Lesquelles relations : « Ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. »

L’amour entre deux personnes homos ne serait donc pas un vrai amour, car il ne procède pas d’une « complémentarité affective ».

L’amitié, l’amour asexué que représente une amitié, une affection, ne saurait être vécu non plus par les personnes homosexuelles, puisqu’elles sont définies par une propension prédominante à la « baise ».

La propension à désirer des relations physiques avec des personnes de son propre sexe serait foncière chez les homos. Elle serait ce qui les définie.
Cette vision est une façon redoutable de « saloper » les vraies amitiés en les réduisant à l’instinct, et même plus bas …
Donc les homos seraient incapables d’une véritable amitié. Ils ou elles en seraient incapables avec des personnes de leur sexe. Quant à l’amitié avec une personne hétéro d’un autre sexe, elle pourrait également être suspectée, cette fois du fait de la sexualité de la personne hétéro.

Selon la vision « hypersexualisée » des relations humaines l’amitié entre personnes du sexe opposé serait impossible, car des êtres humains ne pourraient vivre ailleurs que dans leurs plus primitifs instincts. L’amour serait impossible. Tout est baise.  Allez, dans le mariage on enrobe un peu cela, il faut bien se reproduire, mais au fond ... quel différence entre l’épouse et la pute à part le prix pour baiser ? Vision bien basse et infecte du monde humain.
Vision qui correspond plus à celui qui dirait « je ne supporte pas qu’ils s’aiment ! » qu’à autre chose.

Or l’amour vrai est possible.  Par tous les êtres humains, sans exception. Ils ont tous vocation à aimer, à avoir des relations affectives avec les autres.
Quelle que soit « l’orientation » que l’on ait, il arrive pour témoigner de l’amour exige de renoncer à un élément d’une relation, à son aspect sexuel. La dimension sexuelle aurait pu dans d’autres circonstances exister, mais dans la situation où l’on est, elle ferait du mal à l’autre, pour telle ou telle raison. Alors si on l’aime il faut y renoncer.
Il suffit de le faire. On renonce à un aspect imaginable d’une relation pour être dans une vraie relation d’amour avec l’autre. Tout être humain est parfaitement capable de le faire, capable d’être heureux de le faire. Parce que l’amour vrai est possible.  

Ce n’est pas ce qui semble être vrai quand on lit ce paragraphe du catéchisme.  En examinant ses conséquences, on voit toute la perversité de la vision « hypersexualisée », qui mène à  se croire obligé à la cruauté … même lorsqu’on ne la veut pas, qui mène à rechercher des solutions pour éviter la cruauté … qui sont à leur tour cruelles pour d’autres !

Ainsi donc, les homos seraient incapables de vivre un véritable amour, et incapables de vivre une véritable amitié, et devraient s’interdire les relations sexuelles.
Donc les homos seraient incapables de toute relation affective. 
Solitude totale, aussi bien affective, que physique.
Il faut avoir une vocation à la réclusion pour survivre longtemps à une telle condition.
Comment des adolescents à qui cette perspective est présentée ne se suicideraient-ils pas ?

Le catéchisme demande aux catholiques d’agir avec délicatesse envers les homos.  Il suggère que certains les aident par une « amitié désintéressée ».

Mais, avec une telle définition des personnes homosexuelles,  demander à des personnes hétéro d’agir avec délicatesse envers les homos est une exigence trop grande, car elle revient à leur demander l’impossible. Comment peut-on dire à une personne que toute relation affective avec elle est impossible, de manière « délicate » ?! Alors que c’est une férocité affreuse … Mission impossible, injonction à une mission impossible, injonction cruelle elle-même …

Avec une telle définition des personnes homosexuelles, demander à des hétéros d’avoir une « amitié désintéressée » envers des homos est leur demander l’impossible. Une amitié est une affection, une affection partagée. Une affection sans dimension sexuelle, sans acte sexuel. Or les homos en seraient incapables à cause de leur « propension » à désirer des relations sexuelles homosexuelles …. Etre l’ami d’un homo serait donc mission impossible. Donc l’exiger serait une exigence impossible, donc cruelle elle aussi.

Croire que des humains se verraient priver de la capacité d’aimer vraiment ne mène qu’à des cruautés.
   
Cette vision est absurde.

Un-e homosexuel-les est simplement quelqu’un qui est plus attirée, physiquement, esthétiquement, par les personnes de son propre sexe. Quelqu’un qui sait que la personne qu’elle aimera le plus fort, sera une personne de son propre sexe, et qu’elle désirera avec des relations physiques avec elle.
Un ou une homos n’est pas plus quelqu’un qui veut coucher avec tout ce qui passe , qu’un ou une hétéro ne l’est.

L’amour vrai est beaucoup de choses, dévotion, don à l’autre, mais il n’est pas « complémentarité ». L’amour est vrai parce qu’il fait se dévouer à un être vivant distinct de soi. «  Autre », ayant, une autre vie. Pour lequel on peut avoir à donner sa vie pour le sauver.  

La complémentarité n’a rien à voir avec la générosité de l’amour. Elle est juste une circonstance qui fait que l’union de deux personnes leur donne l’occasion d’utiliser ces aptitudes complémentaires, de réaliser des actions qui requièrent ces capacités. En fait elle n’est qu’une facilité dans l’amour, elle le rend plus facile, mais pas plus vrai ni plus fort.

Quel « choix » ont les homos ?

Ils choisissent de vivre avec une personne homo aussi, qui pourra partager leur amour, qui pourra les aimer aussi fort  et totalement qu’eux.
Les homosexuel-les ne peuvent pas se marier avec une personne de l’autre sexe, avec qui ils ou elles pourraient avoir un enfant, sans ôter à cette personne de l’autre sexe la possibilité de vivre avec une personne qui pourra les aimer plus qu’eux, plus totalement qu’eux ne le pourront.
Il peut arriver qu’un-e hétéro aime une personne homo au point de l’épouser tout en sachant qu’elle ou il ne représente pas pour lui, l’être qu’il pourrait aimer le plus passionnément et le plus fort, c’est-à-dire tout en sachant que sa propre passion n’est pas partagée au même degré.  Faut-il quand on est homo accepter de vivre un tel engagement, de faire prendre à l’autre le risque de vivre dans une telle situation ?  

S’il y a une douleur intrinsèque et inévitable dans la condition homosexuelle, c’est le fait de savoir que l’on ne pourra jamais avoir un enfant de la personne aimée. Il s’agit d’une stérilité affective. Terrible, contre quoi personne ne peut rien.  Que veut-on de plus comme expérience de souffrance des homosexuel-les ???

Le catéchisme peut être par contre ici bénéfique pour les homos croyants puisqu’il rappelle qu’il est possible : « unir au sacrifice de la Croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition ».

Qu’un dieu bon n’aime pas l’homosexualité parce qu’elle comporte cette souffrance-là, comme il n’aime sans doute pas handicaps, maladies, et catastrophes naturelles,  est logique, que certains actes homosexuels soient médicalement risqué est simplement vrai, que la bible le rappelle n’est pas superflu,  … mais tout ceci ne signifie pas qu’il aurait voulu interdire que des personnes homosexuelles s’aiment entre elles, et vivent un amour aussi entier qu’un autre.

Cette vision des homosexuel-les est d’autant plus absurde qu’elle est incohérente avec la définition de l’amour et de l’humanité donnée par le catéchisme lui-même.

 «  Dieu est Amour. Il vit en lui-même un mystère de communion et d’amour. En créant l’humanité de l’homme et de la femme à son image .. Dieu inscrit en elle la vocation , et donc la capacité et la responsabilité correspondante, à l’amour et à la communion » « La capacité d’aimer » «  l’aptitude à nouer des liens de communion avec autrui. » (2331)

Comme l’explique Jean-Paul II, la dimension de don à l’autre dans l’amour est telle que la phrase : « Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis l’adultère en son cœur » concerne aussi l’épouse elle-même, parce que regarder l’autre à travers uniquement son propre désir est déjà sortir de l’amour.

Or la vocation à l’amour existe pour toute l’humanité. Le désir et l’égoïsme existent chez chacun, quel que soit l’objet du désir, et chacun peut le surmonter par amour, par désir encore bien plus fort d’aimer.

  

« Je ne supporte pas qu’ils s’aiment ! »



PS :
L'Eglise ne cesse de rappeler qu'elle ne confond pas pécheurs et péché. Elle le répète entre autres au sujet de l'homosexualité. Là dessus sa doctrine est claire : ce n'est pas la personne qui est condamnée mais son acte.
Par contre en terme d'"image" des personnes, sa vision de l'homosexualité, la rédaction de ce paragraphe, ne peut avoir qu'un effet dépréciateur.
Il faudrait pour le moins que le catéchisme précise que l'homosexualité n'est qu'un aspect d'une personnalité, si l'on ne veut pas que la "propension foncière" à un acte apparaissent comme un trait "foncier" de la personnalité, si l'on ne veut pas qu'une personne "ayant" une tendance intrinsèquement désordonnée" soit prise pour une personne "étant" "intrinsèquement désordonnée". 

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