Zohra Nedaa-Amal : Abroger les versets .. 4

4. Le Christianisme des origines et le message de Jésus.



Pour rappeler le Christianisme des origines, on ne peut trouver meilleure source que le Nouveau Testament lui-même, et en
particulier les quatre Evangiles. Ce qui ressort de la lecture de ces Evangiles, c’est le principe d’amour et de non-violence qui
caractérise essentiellement le message de Jésus.

En effet, concernant la violence ou la haine de l’autre, la parole du Christ réforme d’une manière fondamentale le contenu de
l'Ancien Testament.

En premier lieu, il sépare la religion de l’Etat : « Il faut rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à
Dieu ».

A Pilate qui lui demandait: « Ta nation et les principaux sacrificateurs t'ont livré à moi: qu'as-tu fait ? Es-tu le Roi des Juifs ? »,
Jésus donna cette réponse : « Mon royaume n'est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs
auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux Juifs; mais maintenant mon royaume n'est point d'ici-bas. Je


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Fig. 6 : : La Transfiguration du Christ : « Relevez-vous et n’ayez aucune crainte » dit-il
après avoir relevé les Apôtres.

Fig. 7 : Jésus prêchant aux foules rassemblé : « Heureux les pacifiques,
puisqu’ils seront appelés Fils de Dieu »



suis né et je suis venu dans le monde
pour rendre témoignage à la vérité.
Quiconque est de la vérité écoute ma
voix. » (Jean : 18, 35-37).



Ainsi, dans l’Evangile, Jésus définit une
séparation nette entre la religion qui
relève du spirituel et l’Etat ou le pouvoir
temporel qui relève de monde terrestre.
L’autre élément important de l’Evangile,
réside dans l’abrogation de la violence.

En prêchant la non-violence, Jésus, par
ses paroles et par ses actes, abroge les
appels à la violence ou à la haine,
contenus dans l’Ancien Testament.

Pour mieux préciser son message, ces
paroles : « On vous a dit : aimez vos
amis, haïssez vos ennemis. Moi je vous
dis : aimez vos ennemis, priez pour ceux
qui vous persécutent. Vous serez ainsi les
fils de votre Père qui est aux cieux, car il
fait lever son soleil sur les mauvais et les
bons, il fait pleuvoir sur les justes et les
injustes, bénissez ceux qui vous
maudissent... » (Mattieu : 5, 43-44), Jésus
ne laisse aucun doute sur la nature pacifique de son message.

Et tout ce que la tradition rapporte sans être démentie par les historiens, confirme cette vérité : la vie et les actes de Jésus
sont en conformité avec la nature spirituelle de son message. En conséquence, la croyance en Jésus relève uniquement de la
foi et ne peut être imposée par la violence, la contrainte ou les armes. L’Histoire est là pour le confirmer : Il en a été ainsi pour
les quatre premiers siècles du Christianisme.

Ces paroles de Jésus rapportées par les Evangiles, sont fondamentales pour comprendre le rejet de la violence et du métier
des armes par les premiers adeptes du Christianisme. Et ce rejet de la violence dura pendant plus de quatre cent ans.



En effet, l’Histoire montre sans le moindre doute que le
Christianisme des origines, soit celui des quatre premiers
siècles de l’ère chrétienne, était d’une nature
fondamentalement spirituelle et relevait du domaine de
la foi. Cette nature correspondait à ce que le terme
« religion » signifiait dans son sens premier : l’élévation
de l’âme pour établir un lien entre l’homme et le divin.
Ainsi, en se proposant de « relier » (« religare » en Latin)
l’homme à son créateur, la religion se limitait au
domaine de la foi et du culte, vécus en toute liberté et à
titre personnel. Et l’adhésion à cette nouvelle religion se
faisait sans la moindre violence ou pression politique. Le
Christianisme ne s’impliquait ni dans pouvoir politique
ou législatif, et encore moins dans les conflits armés.

Ainsi, durant toute cette période, soit pendant les quatre
cent ans qui ont suivi la mort de Jésus, les Chrétiens
s’interdisaient le métier des armes, en considérant toute
participation à la guerre ou tout engagement dans
l’Armée comme une offense faite à Dieu.

De même, ils se conformaient à la tolérance religieuse et
vivaient en paix avec leurs concitoyens, adeptes du
paganisme ou d’autres religions.

Enfin, ils respectaient les mêmes lois du Droit Romain
que les autres habitants de l’Empire, et ne remettaient
en cause ni le pouvoir de l’Empereur, ni les Lois de
l’Empire. Leur seul refus concernait la participation au
culte rendu à l’Empereur, ce qui amena certains
Empereurs à ordonner les fameuses persécutions anti-


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Fig. 8 : Jésus : « Je m’élèverai de cette terre et j’attirerai à moi tous les
hommes. »

chrétiennes.

Ainsi donc, les premiers chrétiens s’intégraient sans
problème dans la société romaine. Cette attitude n’était
rien d’autre que l’application de l’enseignement de
Jésus.

Et ce n’est qu’à partir du IVème siècle, que le
Christianisme, sous la direction de l’Eglise organisée en
institution officielle et hiérarchisée, commence à se
politiser et à faire partie intégrante du pouvoir
politique. Il est donc particulièrement important de
noter qu’il a fallu attendre les IV-Vème siècles, pour que
l’Eglise devienne partie prenante du pouvoir politique.



La première étape se réalise au Concile de Nicée réuni
en 320 après J.C. par l’Empereur Constantin. C’est à ce
moment que l’Eglise devient une Institution officielle,
unifiée et hiérarchisée.

Il a fallu ensuite attendre l’an 380 après J.C. pour voir la
deuxième étape importante de cette politisation de
l’Eglise : la publication par l’empereur Théodose de
l'Edit de Thessalonique qui instaure le Christianisme
comme religion d’Etat.

Et ce n’est que vers 450 après J.C., soit un siècle plus
tard, que Saint Augustin et d’autres Pères de l’Eglise
introduisent la notion de « guerre juste » dans le
Dogme chrétien. Pour cette étape décisive, ils partaient
du principe que le Christianisme étant dorénavant la
religion de l’Empire, celui-ci constituait une « pré-
configuration » du Royaume des Cieux sur terre et qu’il
devenait légitime de le défendre par les armes.

L’Eglise s’est alors constituée en tant qu’entité
organisée, hiérarchisée et s’est liée au pouvoir politique en participant aux conflits armés. Ainsi, la notion de « Guerre juste »
qui donnera celle de « Guerre Sainte » ont été introduite dans le Dogme chrétien par l’Eglise du Vème siècle, et ne figurent
pas dans le message du Christ.

Ceci a ouvert la voie vers toutes les guerres, les massacres et les barbaries auxquels l’Eglise a participé pendant plus d’un
millénaire. Cette dérive d’une religion qui était à l’origine un appel universel à l’amour et la paix, atteint ses points culminants
dans les horreurs de l’Inquisition, les Croisades, l’extermination des hérétiques, les guerres de religion qui opposèrent les
protestants aux catholiques, les génocides qui ont accompagné la conquête du Nouveau Monde et finalement le silence de Pie
XII pendant l’holocauste de la Shoah, cette extermination monstrueuse des Juifs par Hitler.

Cette conception dévoyé du Christianisme contraire au message de Jésus, a duré jusqu’au XIX-XXème siècle, lorsque
l’Occident, sous l’égide de la philosophie des Lumières, finira par imposer la séparation de l’Eglise et de l’Etat et le principe de
laïcité.

A partir de ce bref rappel de la réalité historique, on peut relever cette évidence : l’Eglise chrétienne a pu se retirer du champ
politique en renonçant à tout pouvoir temporel et tout recours à la violence, sans renier l’Evangile et le message authentique
du Christ.

En évoluant ainsi, elle ne s’est pas retrouvée en contradiction avec l’enseignement de Jésus et le Christianisme des origines.
Bien au contraire, en acceptant de ne plus participer au pouvoir politique et en s’interdisant tout recours la violence, l’Eglise
chrétienne ne fait que se rapprocher du Christianisme des origines en se conformant au message authentique de Jésus.
Cependant, on notera qu’aujourd’hui encore, l’Eglise, ou du moins une partie de cette Eglise (Note 3), tend à trahir de
nouveau le message de Jésus, en se fourvoyant dans des compromissions inacceptables avec les propagandistes de l’Islam. Au
nom du dialogue inter-religieux, certains responsables de l’Eglise, tendent à justifier la violence du Coran, en lui trouvant des
origines dans l’Ancien Testament, alors que Jésus lui-même a abrogé cette violence, qu’on rappellera au risque de se répéter :
« On vous a dit : aimez vos amis, haïssez vos ennemis. Moi je vous dis aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous
persécutent. Vous serez ainsi les fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les mauvais et les bons, il
fait pleuvoir sur les justes et les injustes, bénissez ceux qui vous maudissent... » (Mattieu, Chapitre5, Verset 43-44).

Lors de son arrestation, quand Pierre lui demanda « Frapperons-nous du glaive ? » (Luc 22, 49), Jésus le remet à sa place et
lève le malentendu. Il dit clairement : « Remets ton épée à sa place, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. »
(Mattieu 26, 52).

Et pour confirmer que la violence comme fondamentalement contraire à son message, il donna cette réponse à Pilate : « Mon
royaume n'est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas
livré aux Juifs. Mais mon royaume n'est pas de ce monde ». Enfin, pour souligner la nature pacifique de son message il
prononça ces paroles, pour bien préciser qu’il ne voulait ni conquérir, ni établir un royaume dans ce monde : « Je ne suis né, et


Fig. 9 : Illustration musulmane : Décapitation du poète Nasr Ibn Hareth, par Ali Ibn Abi
Taleb, cousin et gendre de Mahomet, en présence de ce dernier et de ses
compagnons.



je ne suis venu dans le monde, que pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix ». (Jean
18 ; 36-37). On reste sans voix, quand on entend des responsables de l’Eglise justifier l’incitation à la haine et à la violence du
Coran, tout en se réclamant du Christ et de sa fameuse parole : « Heureux les pacifiques, ils seront appelés les Enfants de
Dieu » !

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