Comment Simone Veil parlait de l'avortement ...

http://youtu.be/30b1-R2ObxU

Pour Simone Veil, l'avortement ne devait pas remplacer la contraception, les avortements étaient nombreux parce que la contraception n'était pas rentrée dans les moeurs et tout devait être fait pour les femmes qui y recourent, étant informées lors de l'avortement des moyens de contraception, n'aient plus à y recourir.
Ainsi, à terme pour elle, l'entrée dans les moeurs de la contraception devait mener à la disparition des IVG, à part les cas de conception par violence ...


Le décalage avec le discours actuel de défense du droit à l'avortement est impressionnant : aujourd'hui il convient de dire que l'avortement est normal, qu'il n'y a "pas trop" d'avortements.
Le droit à l'avortement, le fait  de ne pas punir une femme qui avorte est basée sur le principe du respect de sa conscience et de son intégrité physique, mais ce principe est distinct de la question de la mort, même s'il est lié dans la fin de la grossesse d'un foetus non viable. Le droit des femmes à agir selon leur conscience, sur leur corps, et par ricochet sur le corps de l'embryon n'est à mon avis pas discutable, mais il est permis de se poser des questions sur l'usage de ce droit, sur les problèmes de conscience qui se posent.
La mise à mort d'un être vivant apparaissait de façon évidente à Simone Veil comme un acte à éviter, aujourd'hui elle est présentée comme "pas de trop", à 200 000  environ par an. Il s'agit d'un changement capital de perspective, d'un passage du rejet " évident", même pas interrogé, de la mort,  à l'acceptation, à la normalisation de la mort ... rien de moins.

Faut-il s'y résigner ? Faut-il pour défendre les droits des femmes s'interdire de questionner une telle "normalité" ? Pourquoi autant d'avortements toujours ? Faut-il s'accoutumer à la mort. Est-on vraiment libre et progressiste dans une telle situation ?
La mort de quoi ? D'un être pas conscient de sa souffrance mais déjà souvent à visage et forme humaine ? D'un être dont l'avenir peut paraître sombre, que la femme peut ne pas supporter de porter, donc dont la vie peut paraître non souhaitable ... mais cette vie est déjà, il n'agit pas de savoir s'il l'on va "avoir" un enfant : il est là, pas fini mais vivant. Si l'on n'en veut pas il faut tuer. Pas seulement un, une fois, deux cent mille par an.
Ce serait non pas, comme on le voyait auparavant, comme Simone Veil le voyait, un évènement exceptionnel dont on fait tout pour qu'il n'arrive jamais, pour qu'il ne nous arrive jamais, non ce serait un évènement courant dans la vie des femmes. Je me demande si l'on mesure le changement symbolique qui s'est opéré au fil des argumentaires pour le droit à disposer de son corps.

Il a été décidé sans le dire, il est apparu de plus évident à la grande majorité, que prendre le risque de créer la vie, alors que les conditions ne sont pas réunies pour accueillir convenablement un enfant, conditions matérielles, mais sans doute surtout, conditions affectives, et que ce risque était sans importance puisque - glissement - les femmes ayant le droit de disposer de leur corps, les femmes ont le droit d'avorter, l'avortement est la solution dans ces situations.
Il a été décidé sans le dire, que refuser de prendre ce risque de créer une vie, est du dernier ringard, que c'est même une faute, un crime, que dis-je, un péché comme l'Amour. La sexualité plus sacrée que la vie, à l'évidence, plus sacrée que la répulsion à donner la mort, à l'évidence. Il faut bien mesurer le changement de perspective que cela représente.

Demandez à la première personne que vous rencontrez : quel est le droit le plus primordiale ? Il ou elle répondra : la vie. Mais notre société n'agit pas en fait selon cette hiérarchie. C'est un droit aux relations sexuelles qu'elle place au dessus du droit à la vie. Bien sur elle requière une responsabilité, mais en quoi consiste cette responsabilité ? Uniquement à minimiser les risques d'une grossesse non désirée et les décisions d'avorter qui s'en suivent, les minimiser, pas les éviter absolument. Pourquoi ? Parce que le droit, que dis-je, le devoir de relations sexuelles est bien supérieur au droit de ne pas avoir à se sentir obliger de tuer pour ne pas faire vivre dans des conditions trop dures, bien supérieur au droit à la vie d'un individu humain.

Telle est notre hiérarchie des valeurs actuelles. De fait. Celle que nous appliquons. Celle en vertu de laquelle, ceux qui disent leur répulsion devant ces morts, sont vomis comme des criminels : pourquoi en réalité ? On fait mine de les accuser de pousser à mourir d'avortements clandestins : accusation absurde si on y réfléchir une minute puisqu'ils ne veulent pas d'avortement du tout. En réalité, ils sont vomis pour crime de lèse-amour-physique, uniquement pour cela ...

Tout se passe comme si notre monde, jouissait de pratiquer un amour qui donne chaque année son fruit de petits morts. Drôle d'amour quand même ?

Avant, explique Christine Delphy,  http://elisseievnatome2.blogspot.fr/2014/09/feminisme-selon-christine-delphy-et.html les femmes pouvaient refuser un rapport sexuel en prétextant le risque de grossesse, aujourd'hui elles ont perdu cette possibilité. Deux droits perdus pour un droit acquis, et quel droit perdu ! Droit de ne pas subir la charge des conséquences d'une relation sexuelle acquis, perdu celui de refuser des relations, et celui de ne pas avoir à charcuter son corps pour y tuer un autre corps ... parce que ce serait crime de lèse droit aux relations sexuelles (fécondantes).

Est ce que aimer c'est risquer de créer une vie à qui l'on donnera la mort ? Et pas à n'importe qui : à l'enfant en formation de l'Autre que l'on aime. L'amour valorisé aujourd'hui est bien celui-là.  N'y aurait il pas comme un défaut ???

Mes réflexions sont toutes à fait inabouties. Je ne veux en aucun cas qu'elles servent à ôter aux femmes ce "pouvoir", cette sauvegarde essentielle de décider en conscience de leur corps, y compris en ce qui concerne le corps embryonnaire qui s'y abrite. Je les exprime en réponse à cette action militante de Macholand, ènieme action de simplification du débat à l'outrance. Je pense que le mouvement féministe peut tout à fait réfléchir de manière un peu plus approfondie sur des sujets aussi graves.




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